Une chaudière est un appareil qui permet de fournir en continu de la chaleur à un fluide, donc d'augmenter la température de ce fluide.
Ce fluide peut être utilisé pour fournir une énergie mécanique, sous forme de vapeur : premières locomotives à vapeur, centrale thermique ...
Mais le plus souvent, ce fluide permet de transporter de la chaleur, pour chauffer des locaux, et pour bien d'autres utilisations industrielles. On parle alors de fluide " caloporteur ".
Principe Chaudière tubulaire
Elles peuvent être électriques, mais les chaudières les plus couramment utilisées sont généralement à combustion. Le corps de chauffe de ces chaudières à combustion est constitué :
- d'un foyer ( ou "chambre de combustion " ), dans lequel un combustible est brûlé
( charbon, bois, fioul, gaz .. )
- d'un échangeur de chaleur, englobant le réservoir d'eau et les carneaux.
Les carneaux sont les conduits parcourus par les fumées entre la sortie du foyer et la "buse".
Ils sont soit munis d'ailettes ( corps de chauffe en fonte ) , soit constitués de tubes cylindriques ( corps de chauffe en acier ) .
Des turbulateurs sont généralement logés dans les carneaux. Les turbulateurs se trouvent généralement sous forme de grilles, de tiges d'acier en spirale ou de lames d'acier en zigzag.
Ils permettent de ralentir le passage des fumées et ainsi améliorer l'échange de chaleur entre les fumées et l'eau.
Rajouter des turbulateurs permet d'abaisser la température des fumées en sortie de chaudière.
Inversement, on peut également retirer des turbulateurs lorsqu'on souhaite augmenter la température des fumées.
Corps de chauffe en fonte
De Dietrich EFU C19
Turbulateurs de chaudières fioul en fonte
De Dietrich EFU C19
Différents modèles de turbulateurs pour tubes de fumées
sur chaudière en acier
La "buse" est l'orifice de la chaudière par lequel sortent les fumées. Le conduit de raccordement d'évacuation des fumées est raccordé à la chaudière sur cette buse.
La chaleur qui se dégage des fumées est transmise au fluide ( l'eau ) par conduction, à travers les parois des tubes de fumée ( ou carneaux ).
Pour éviter les pertes de chaleur par rayonnement du corps de chauffe, celui-ci est isolé, tout comme la porte foyère.
Une jaquette permet de maintenir l'isolant autour de la chaudière et lui sert également de carrosserie.
Vue de coupe d'une chaudière VITOPLEX 100
Source VIESSMANN
N. B. : Dans les chaudières domestiques ( chauffage de l'air ambiant de l'habitat et de l'eau chaude sanitaire ), le fluide caloporteur utilisé est l' EAU. Elle transporte la chaleur jusqu'aux émetteurs de chaleur (radiateurs, planchers chauffants.. ). Ces chaudières sont des chaudières "tubulaires".
Lors de la première révolution industrielle, de nombreuses recherches sont entreprises afin d'améliorer le fonctionnement des machines à vapeur.
En 1827, Marc Seguin, ingénieur et inventeur français ( qui est né et a vécu à ANNONAY ), dépose le brevet de la " chaudière tubulaire ", conçue pour les bateaux à vapeur naviguant sur le Rhône.
Des tubes immergés dans le corps de chauffe, et traversés par les gaz de combustion, permettent d'augmenter considérablement la surface d'échange et le rendement de la chaudière. La puissance développée est ainsi multipliée par six.
Premières chaudières à vapeur
Chaudière tubulaire
Deux ans après, il adapte cette chaudière à la locomotive à vapeur.
Le 1er octobre 1829, la locomotive "Seguin" fait ses premiers tours de roue sur la ligne de chemin de fer de Saint-Étienne à Lyon.
Cette chaudière tubulaire est capable de fournir 1 200 kg de vapeur à l'heure au lieu de 300 pour les autres chaudières. La vitesse maximale jamais atteinte alors par une locomotive passe de 16 à 30 km/h.
Aujourd'hui, il ne reste plus beaucoup de locomotives à vapeur en circulation, excepté sur quelques lignes touristiques. Mais les chaudières à combustion utilisées pour le chauffage sont encore souvent des chaudières tubulaires. Elles peuvent être " à tubes d'eau " ou " à tubes de fumées ".
Le corps de chauffe des chaudières utilisées en génie climatique sont généralement en fonte ou en acier. Lorsqu'elles sont en acier, elles sont réalisés par soudage de plaques et de tubes d'acier. Ces soudures assurent une étanchéité parfaite du circuit de combustion.
Selon ce qui devra traverser les tubes, on répartit les chaudières en ACIER en 2 catégories : les chaudières à tubes de fumées et les chaudières à tubes d'eau.
L'acier est utilisé pour la fabrication de chaudières de petites à très grosses puissances.
La chaudière en acier montera en température plus rapidement qu'une chaudière en fonte, mais restituera de la chaleur moins longtemps après l'extinction du brûleur ( moins d'inertie ).
Elle est également plus sensible à la corrosion, notamment au niveau des soudures.
CHAUDIÈRES à TUBES de FUMÉE
La chaudière à tubes de fumées est constituée d'un grand réservoir d'eau, traversé par des tubes dans lesquels circulent les fumées. Ce principe est particulièrement utilisé pour les chaudières fioul et gaz, ce qui représente une grande majorité des chaudières.
La grande capacité en eau contenue dans son réservoir permet d'éviter les court-cycles du brûleur.
On appelle court-cycles la répétition de démarrage et d'arrêt intempestif du brûleur, qui sont souvent à l'origine de l'usure prématurée du brûleur et parfois à l'origine de l'encrassement prématuré du foyer et des carneaux.
chaudière à tubes de fumée
Chaudière à tubes de fumée
- Face avant -
Source HOVAL - Chaudière MAX-3
Souvent disposés à l'horizontal sur les chaudières fioul et gaz, les tubes de fumées devront être disposés à la verticale dans les chaudières à combustibles solides, afin de permettre une bonne extraction des cendres.
Sinon, le foyer doit être séparé et placé avant la chaudière à tubes de fumées. Le foyer est alors un avant foyer à tubes d'eau, ou en réfractaire.
CHAUDIÈRES à TUBES d'EAU
Pour les combustibles solides ( bois, granulés.. ), on préfère concevoir des chaudières à tubes d'eau.
Les chaudières à tubes d'eau se caractérisent par la présence de deux collecteurs, en partie haute et basse de la chaudière, reliés entre eux par des tubes dans lesquels circulent l'eau.
Elles sont utilisées avec tous types de combustible ( bois, gaz, fioul, etc.. ) lorsqu'il est nécessaire de faire monter le fluide à des pressions supérieures à 30 bars.
C'est le cas lorsque la vapeur doit entraîner des turbines, pour produire de l'électricité.
Le trop grand volume d'eau des chaudières à tubes de fumée ne leur permettrait pas de résister mécaniquement à de telles pressions.
chaudière à tubes d'eau
En contre-partie, le faible volume d'eau des chaudières à tubes d'eau ne permet pas toujours de refroidir les fumées autant que sur une chaudière à tubes de fumées. Elle a donc généralement un moins bon rendement.
Afin d'appliquer les différents textes réglementaires, il est important de classer les chaudières en différentes catégories de puissance. On distingue :
- les chaudières de PETITES PUISSANCES INFÉRIEURES à 70 kW :
chaudières individuelles (domestique)
- les chaudières de PETITES PUISSANCES COMPRISES ENTRE 70 et 400 kW :
chaudières collectives (Réglementation chaufferie applicable )
- les chaudières de MOYENNES PUISSANCES COMPRISES entre 400 kW et 1 MW ( 1 000 kW)
utilisées dans les grosses collectivités et dans l'industrie
- les chaudières de GROSSES PUISSANCES SUPÉRIEURES à 1 MW ( 1 000 kW )
utilisées dans la grosse industrie
Les chaudières en fonte ont une meilleure inertie. La fonte est capable d'emmagasiner plus de chaleur que l'acier. Lorsque le brûleur s'arrête, la chaudière en fonte continue à restituer de la chaleur à l'eau plus longtemps. Ces chaudières sont également plus résistantes à la corrosion.
La fonte est plus lourde que l'acier, donc moins facile à manipuler lors de l'installation.
avec CORPS de CHAUFFE à éléments
assemblés
La grande majorité des chaudières en fonte sont équipées d'un corps de chauffe composé de plusieurs éléments, chacun coulé dans des moules en fonderie (aucune soudure) :
- un élément de façade, sur lequel est montée
la porte foyère et le brûleur
- un élément de fond qui referme le foyer,
sur lequel est montée la boîte à fumée
- un ou plusieurs éléments intermédiaires,
le nombre variant en fonction
de la puissance souhaitée.
L'eau passe dans chaque élément en fonte, qui lui est traversé plusieurs fois par les fumées de combustion.
Élément en fonte
( Chaudière WOLF )
Ces éléments sont parfois assemblés entre eux à l'usine, par le fabricant, pour les chaudières de
petites puissances.
Pour les plus grosses puissances, les éléments peuvent être assemblés sur site, ce qui facilite
leur transport et permet de les amener dans des endroits difficiles d'accès pour des chaudières
acier de puissance équivalente.
L'étanchéité du circuit d'eau est assuré par insertion de 2 nippes en acier entre chaque élément. au niveau des collecteurs départ et retour chauffage.
Les nippes sont généralement des bagues coniques en acier.
L'étanchéité du circuit de combustion est lui assuré par une tresse ou par du silicone résistant à de hautes température, qu'il faut déposer soigneusement dans la rainure prévue à cet effet sur tout le contour de l'élément.
Vue éclatée chaudière SAINT-ROCH FP
Légende : 1- Loquet de regard de flamme 2- Porte foyère 3 et 4- Isolation porte foyère
5- Élément avant 6- Élément intermédiaire 7- Isolation de fond de foyer
8- Élément arrière 9- Doigt de gant 10- Boîte à fumées
Chaudière en fonte VITOROND 200 composée de 4 éléments
Source VIESSMANN
Nippe assurant l'étanchéité hydraulique, à insérer entre chaque élément en fonte
Corps de chauffe en fonte
à éléments assemblés
( Chaudière SAINT-ROCH FP )
Boîte à fumées avec buse
( Chaudière SAINT-ROCH FP )
Pour aller plus loin, analysez sur les notices de montage des chaudières DE DIETRICH GT 430 et DTG 330 comment sont assemblés entre eux les différents éléments en fonte :
CHAUDIÈRE en FONTE avec CORPS de CHAUFFE MONOBLOC
On trouve parfois des corps de chauffe en fonte coulés en un seul bloc sur des chaudières de petites puissances haut de gamme.
Corps de chauffe hémisphérique
Chaudière CHAPPÉE BORA
La forme hémisphérique d'un tel corps de chauffe permet d'obtenir :
- une meilleure tenue à la pression (côté eau ), qui s'exerce de façon parfaitement symétrique sur la surface extérieure du corps de chauffe
- une meilleure irrigation de l'eau qui n'est plus compartimentée dans plusieurs éléments,
donc une température plus homogène sans zone chaude ou zone froide
(moins de risque de condensation côté fumée )
- une meilleure répartition de la chaleur sur toute la partie interne du foyer,
ce qui réduit les contraintes thermiques sur le corps de chauffe.
Dans l'industrie, le fluide caloporteur peut être de la vapeur d'eau et même parfois différents types d'huile.
En ce qui nous concerne, dans le domaine du génie climatique, ce fluide sera :
- toujours de l'eau, bien que souvent traitée, dans les installations de chauffage central
- parfois de l'eau surchauffée, dans les réseaux de chauffage urbain.
On parle d' "eau surchauffée" lorsqu'elle atteint plus de 100°C tout en restant à l'état liquide. Cela nécessite d'avoir de l'eau à une pression bien supérieure à la pression atmosphérique. L'eau surchauffée est souvent utilisée à des températures comprises entre 110 et 140°C.
Sur les chaudières de petites, moyennes et grandes puissances, on distingue deux architectures principales dans la conception de la chaudière :
- la chaudière à inversion de flamme ( à "foyer borgne" ou à double parcours )
- et la chaudière à triple parcours des fumées
Chaudière à double parcours ( foyer borgne )
Source VIESSMANN
Chaudière à triple parcours
Source VIESSMANN
CHAUDIÈRES à DOUBLE PARCOURS des fumées ( foyer "BORGNE" )
Les chaudière à double parcours ( à foyer borgne ), les fumées font demi-tour au fond du foyer et reviennent vers l’avant en entourant la flamme, ce qui maintient des températures de flamme plus élevées. En effet, Les fumées chaudes qui font demi-tour dans le foyer réduisent l'échange de chaleur direct entre la flamme et les parois du foyer refroidies par l'eau.
Les fumées restent également plus longtemps dans le foyer, zone la plus chaude de la chaudière.
Ces deux points favorisent malheureusement la formation d’oxydes d’azote, responsables des pluies acides. Plus la température de la flamme est élevée, plus il y a un risque de produire des oxydes d'azote.
Les fumées entrent ensuite dans les tubes de fumées ( second parcours ), avant de s'échapper de la chaudière par la buse.
CHAUDIÈRES à TRIPLE PARCOURS des fumées
Dans les chaudières à triple parcours, les fumées ne font pas demi-tour dans le foyer, mais entrent
directement dans les tubes de fumées ( second parcours ) par une chambre de reflux située dans le
fond du foyer.
Elles sortent ensuite de la 1ère rangée de tubes ( ou carneaux ) pour entrer dans une seconde chambre de reflux côté porte foyère, derrière la trappe de nettoyage. Elles entrent alors dans le troisième parcours, également réalisé sous forme de tube de fumées, avant de sortir finalement dans la boîte à fumée et de s'échapper de la chaudière par la buse.
Comme les fumées restent très peu de temps dans le foyer et ne lèchent plus la flamme, la flamme peut céder davantage de chaleur à l'eau à travers les parois du foyer, et devient ainsi plus froide que sur une chaudière double parcours. Cela réduit la formation de polluants sous forme d'oxydes d'azote ( NOx ).
Autres architectures de CHAUDIÈRES
Certaines chaudières dernière génération équipées d'un brûleur radiant peuvent avoir un seul parcours des fumées, tout comme les chaudières atmosphériques.
Mais sur une chaudière atmosphérique, le brûleur est placé dans la partie basse de la chaudière, les fumées circulant à travers le corps de chauffe du bas vers le haut avant de s'échapper dans le conduit de cheminée par la buse.
Sur ces nouvelles chaudières, le brûleur radiant est placé en partie supérieure de la chaudière et les fumées circulent à travers le corps de chauffe du haut vers le bas.
Ces chaudières ont les mêmes avantages que les chaudières à triple parcours. Les fumées restent peu de temps dans le foyer, rendant la faible formation d'oxydes d'azote comparable à celle des chaudières à triple parcours.
Chaudière VITOCROSSAL 300
à un seul parcours de fumées,
équipée d'un brûleur radiant
Source VIESSMANN